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08.12.2012

Tiens Le Cap

C’est au milieu de leur deuxième année d’école que Guilhem et Thomas ont commencé à plancher sur ce projet : partir en Afrique réaliser des reportages pour une ONG afin de sensibiliser la population étudiante au volontariat.

Ce projet est parti du constat que beaucoup d’étudiants souhaitent partir donner de leur temps dans le cadre d’un projet humanitaire dans un pays en voie de développement, mais que pour nombre d’entre eux, cela reste à l’état de projet. Le manque d’informations et de réponses concrètes freinent parfois les envies des plus motivés ! Des reportages au bon format et disponibles pour tous semblaient parfaits pour résoudre le problème. « Tiens Le Cap » est alors créé. Le but sera la réalisation d’une web-série d’une dizaine d’épisodes, de l’Afrique du sud au Kenya, sur des projets de développement variés (hôpitaux, orphelinats, centres de formation...). _ Les quatre premiers épisodes sont aujourd’hui en ligne, visibles sur la page facebook « Tiens Le Cap ».

Guilhem et Thomas
La préparation d’un tel voyage revêt plusieurs facettes. Il faut se faire vacciner, s’occuper des visas, se renseigner sur les autorisations nécessaires à la prise d’images dans les pays traversés... Les aspects très pratiques comme les différents moyens de transport possibles ou l’achat d’une trousse à pharmacie adaptée ne sont bien sûr pas à négliger. Il a aussi fallu trouver l’ONG partenaire et définir avec elle un trajet en fonction des missions de celle-ci et du climat politique. Le premier itinéraire choisi reliait Paris à Capetown par la voie terrestre via une camionnette aménagée. Malheureusement, les récents événements au Mali et la fermeture de ses frontières ont contraint l’équipe à changer de plan quelques mois avant le départ. C’est donc la remontée de l’Afrique-du-Sud au Kenya à travers sept pays qui fut finalement choisie. La côte Est à la place de la côte Ouest somme toute... Les différentes missions ont été revues avec FIDESCO et le matériel à emporter a été revu à la baisse : on ne peut hélas pas emmener les mêmes quantités dans un sac à dos que dans une camionnette !

Le but du projet étant de produire des reportages de bonne facture, Guilhem et Thomas ont dû se former aux méthodes du reportage avant de partir. Ils ont eu la chance de bénéficier des conseils de plusieurs réalisateurs et journalistes reporters. De concert avec FIDESCO, il fallut étudier le temps de séjour prévu dans chaque mission pour ne pas perdre trop de temps, ni perturber le travail des volontaires sur place. Ainsi, leur présence dans chaque mission était à chaque fois séparée en deux phases : les prises de vue dans un premier temps, incluant les interviews et les prises de films sur le terrain, puis un premier tri des plans et le début du montage. L’objectif de cette séparation est double, il s’agit de ne pas transporter des téras d’images inutiles, tout en facilitant le montage des reportages après la fin du projet.

Les deux amis ont donc décollé de Paris le 3 mai 2012, après la fin de leurs stages, à destination de Johannesburg en Afrique du Sud. Lieu de la première mission et du premier choc culturel ! Accueillis par Jakub et Dennis, deux volontaires à l’université Saint-Augustin, ce fut une première plongée dans une Afrique assez particulière : un pays très mixé, en convalescence, où les inégalités économiques et sociales subsistent, et où l’action de FIDESCO est tournée vers une mission propre : l’enseignement ouvert à tous, dans une université prestigieuse appuyant ses cours sur l’éthique. « Tiens Le Cap » est donc parti de Johannesburg pour remonter vers le nord en passant par le Botswana, la Zambie, la République démocratique du Congo, le Malawi, la Tanzanie et enfin le Kenya. A part les étapes « missions », l’itinéraire n’était pas vraiment défini et chaque opportunité pouvait en changer le cours. Les innombrables merveilles de ce continent sont à couper le souffle : des chutes Victoria au mont Kilimandjaro, du lac Naivasha au delta de l’Okavango... Pour le transport, l’organisation n’est pas forcément très présente, mais le gain en terme de flexibilité permet de laisser une grande part à l’improvisation et permet de composer avec les aléas et galères du moment (attraper un train hebdomadaire grâce à ses quatre heures de retard est un bon exemple). Les moments de battements ont permis de finir les premiers reportages et il a alors fallu les mettre en ligne, dès que la connexion le permettait bien sûr !

Les temps entre les missions sont l’occasion de rencontres parfois atypiques et le voyage ne se passe pas souvent comme prévu... Que ce soit par minibus, daladala, matatu, barque, train, vélo ou stop, il est toujours possible de trouver un moyen de transport tant qu’on est prêt à le partager avec (beaucoup) d’autres. Les missions de FIDESCO jalonnent un itinéraire assez improbables pour des M’zungus (blancs) en voyage et les missions les emmènent parfois au milieu de nulle part. Mais l’accueil des étrangers par les locaux est toujours très chaleureux dans les pays traversés et retrouver son chemin devient beaucoup plus facile avec un petit coup de main ! Ils se sont par exemple retrouvés bloqués au poste frontière de Kasumbalesa, entre Zambie et République démocratique du Congo, sans passeports, dans un faux bureau de « Guides ». Une histoire qui s’est finie dans le bureau du colonel de la base, avec un congolais au cachot et un trajet vers Lubumbashi dans la Nissan aux vitres fumées du colonel... Il faudrait allonger quelque peu cet article pour raconter les péripéties du voyage, les galères ou les bonnes surprises...

Les volontaires FIDESCO visités et interviewés sur la route sont de profils variés : médecins, enseignants techniques, peintres, gestionnaires, formateurs, assistants sociaux… Au fur et à mesure des pays et des missions, l’Afrique s’est dévoilée un peu plus et les rencontres avec les volontaires furent toujours passionnantes. Ceux-ci partent en mission pour un an ou deux ans : ils ont souvent une vraie bonne compréhension du pays, de la culture et des enjeux locaux. Loin d’être des « expats », leur mission est au contact de la population locale et leur mode de vie est simple. Ceci leur permet souvent de gagner la confiance de leurs voisins et collègues et cela fait partie même de la démarche de volontariat : ils viennent sur place donner de leur temps. Les interviews avec les volontaires, leurs collègues, les bénéficiaires et les responsables de mission permettent de balayer sans langue de bois les freins au développement sur place et de comprendre pourquoi les volontaires sont nécessaires pour avancer.
Il s’agit en effet de ne surtout pas prendre la place qu’aurait pu occuper un local mais bien d’amener des compétences absentes sur place mais dont les gens ont besoin, en s’adaptant à leur système de fonctionnement. La formation d’un local pour éviter que le départ du volontaire crée un vide est aussi essentielle. La démarche de ces projets s’inscrit dans la durée et se place dans un point de vue local. Il est souvent tentant d’appliquer des recettes que l’ont connaît à certains problèmes, mais ce n’est souvent pas une solution pérenne selon l’endroit et la culture.

Le voyage s’est achevé par le Kenya, et « Tiens Le Cap » s’en est retourné à Lyon depuis. Mais ce n’est pas terminé car il leur reste six reportages à monter ! Vous pouvez voir les précédents sur leur page viméo ou sur facebook.

Guilhem de MARLIAVE, Promo 2006
Thomas JACQUEMART, Promo 2007

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