Devenir sainte à la mode dominicaine

Cher ancien, cher futur ancien,
Depuis presque deux ans maintenant, le Panache vit au fil d’aventures et de projets fous partagés par tes aînés ! Sans doute seras-tu donc étonné par l’article un peu particulier que nous avons voulu t’offrir dans cet Echo... J’entends déjà tes interrogations : un tel témoignage, si beau soit-il, a-t-il vraiment sa place dans une rubrique si fièrement baptisée ?
Ta question est légitime, mais il faut que tu le saches, le panache n’est pas de ces choses qui ne vivent que pour le regard qu’on leur porte ; ne penses pas l’avoir saisi quand tu le crois synonyme de pourpres épopées, ou de gloires rutilantes ! De fait, certains de tes anciens ont choisi de vivre d’un panache plus radical : celui qui est fait de dons, d’humilité. Celui qui cherche Dieu et réalise par lui d’immenses choses avec si peu !
Cher ancien, cher futur ancien, ne les oublie surtout pas car, sois en sûr, ils t’aiment et ils prient pour toi !
Arnaud de RUFFRAY
Promo 2008
Prieur Provincial : « Que demandez-vous ?
Les Sœurs : « La miséricorde de Dieu et la vôtre. »
Tout un programme ! C’est ainsi que nous prenons les moyens de vivre radicalement notre baptême et comme tout un chacun, si Dieu le veut, de devenir des saintes. C’est un chemin que beaucoup d’anciens ont déjà pris. Aujourd’hui, je vous parlerai simplement d’une vocation qui m’est un jour tombée sur la tête et à laquelle j’ai cherché à répondre sans savoir qu’elle m’exilerait un jour jusqu’à Pau au sein de la Fraternité Notre-Dame des Prêcheurs.
Pourquoi cette Fraternité ?
Parce que, comme mes sœurs, j’ai un jour voulu devenir dominicaine et je n’ai trouvé aucune communauté dominicaine apostolique existant, vivant cette vocation au féminin.
Pour la petite histoire, en 2006, trois dominicains de Fribourg ont lancé un appel à des jeunes femmes désireuses de vivre cette vocation et en 2009, les frères de la province de Toulouse nous ont érigées en fraternité dominicaine. Depuis, nous portons l’habit. Après quelques années à Fribourg, les sœurs ont cherché à s’installer sur le territoire de la Province, et c’est ainsi qu’elles sont arrivées à Pau, où je les ai rejointes il y a deux ans.
En pratique ?
Nos statuts n’inventent rien dans la mesure où la vie dominicaine existe depuis 800 ans. Nous n’avons qu’à vivre selon le modèle des frères (c.f. La vocation dominicaine en bref). Les deux particularités de cette vocation sont :
La prédication. Elle découle de notre sacerdoce baptismal et est vécue de façon communautaire au service de la mission de l’Eglise. Nous sommes là pour tous les âges, tous les milieux et tous les niveaux (de la maternelle à l’université) selon les charismes des sœurs et nous sommes quotidiennement disponibles envers les gens que nous croisons et qui ne manquent pas de question.
L’étude philosophique et théologique. Si nous suivons un cursus de type universitaire incluant la régularité de la formation et l’exigence de l’approfondissement doctrinal dans les premiers temps, nous souhaitons étudier toute notre vie. En effet, l’étude est à la fois une ascèse et une voie qui mène à la contemplation. Une ascèse car non seulement la connaissance de Dieu est un terrain difficile mais aussi parce que rester des heures seules avec Dieu et ses livres (Bible, Catéchisme de l’Eglise Catholique, Somme théologique…) n’est pas évident tous les jours. Une voie qui mène à la contemplation car plus on connaît plus on aime.
Un ou des modèles ?
Sainte Marie-Madeleine, l’apôtre des apôtres. C’est à elle que le Christ est apparu en premier à sa Résurrection et elle a été envoyée annoncer cette bonne nouvelle aux apôtres. Les traditions provençales nous rapportent qu’elle est même allée jusque dans le sud de la France pour l’annoncer. C’est pourquoi elle est la patronne de la province dominicaine de Toulouse et nous avons à cœur de pouvoir prononcer régulièrement nos vœux dans la grotte de la Sainte-Baume (Var) où elle a fini sa vie.
Saint Dominique. C’est lui qui au XIIIème siècle a fondé l’Ordre des Frères prêcheurs dédié à la prédication. Sa soif de Dieu, son ardeur à prier pour la conversion des pêcheurs et son humilité nous permettent de prendre exemple sur cette humanité évangélique pour grandir en sainteté.
Saint Thomas d’Aquin. Ce théologien priant est pour nous un modèle d’assiduité dans l’étude et de persévérance dans la recherche de Dieu. Nous ne manquons pas de nous nourrir de ses écrits pour grandir en connaissance et amour de Dieu.
En guise de conclusion
Si j’avais peur de m’ennuyer en entrant au couvent, j’ai eu tôt fait de comprendre que non seulement il n’en était rien mais qu’en plus, une année dans la Fraternité en vaut bien dix !
Sœur Marie-Stella (Florence) LOUVET (Promo 2008)
www.notredamedesprecheurs.org
Propos recueillis par Arnaud de Ruffray (Promo 2008)