Flashs sur la vie de l’association depuis la seconde guerre mondiale

L’histoire de l’association fait l’objet, dans ce numéro, d’un article très documenté qui la replace dans le contexte historique. Celui-ci vise à l’illustrer par quelques flashs sur l’activité de l’association au cours des dernières décennies, que les lecteurs ont pu partager directement ou entendre évoquer par leurs parents. Comment, depuis la seconde Guerre mondiale, l’association a-t-elle poursuivi ses objectifs statutaires : « Perpétuer les relations contractées au Collège et venir en aide aux anciens condisciples » ?
Un peu arbitrairement, examinons cela en trois chapitres :
- relations avec les condisciples et mémoire,
- relations avec Stanislas et avec l’Enseignement catholique,
- solidarité et appui culturel.
I. - Relations avec les condisciples et mémoire
1° Rencontres de promotion :
Les contacts personnels sont renforcés, au sein de la promotion, par des réunions annuelles, voire d’autres activités :
- réunions annuelles : pour les promotions exemplaires (la 1940 est célèbre pour ne pas avoir raté une année !), les responsables (« délégués ») invitent leurs anciens condisciples à une réunion annuelle, souvent autour d’un dîner ou d’un cocktail ; en général interrompus pendant la guerre, ces repas ont repris progressivement à partir de 1946 ;
- tous les cinq ans, la promotion est particulièrement appelée à se réunir en nombre lors du banquet de l’association (dont il sera traité plus bas en I 4°) ;
- visites et voyages accompagnent parfois ces rencontres, associant parfois des promotions contiguës (Sénat en 1992, Reims en 1993, Saint-Benoît-sur-Loire et centrale nucléaire voisine en 1998, Aérospatiale en 2000…) ;
- réunion de « retour des intégrés » pour les élèves des classes préparatoires, parfois avec repas en plein air chez le président, en 2007-2010.
Une charte des délégués est mise au point en 1999.
2° Relations inter-promotions et interprofessionnelles :
Outre le banquet, notons :
- réunions et activités inter-promotions : parfois deux ou trois promotions s’associent pour une réunion (palliant parfois l’incertitude sur le rattachement à une promotion par exemple en cas de redoublement, cas fréquent jusque dans les années 1980) ; les promotions des décennies 1980 ont organisé des pique-niques en famille (2006 à 2010) ; noter aussi le voyage des Anciens à Rome en 2009, avec réception d’une délégation à l’Ambassade de France près le Saint-Siège ;
- assemblée générale annuelle : après comme avant la guerre, elle n’attire pas les foules (50 à 80 personnes souvent), mais le nombre de pouvoirs est important (parfois plus de 4 fois le nombre de présents) et, dès qu’il y a crise, le nombre de participants explose, ce qui montre aussi l’intérêt des camarades ; par périodes, l’AG est suivie du banquet ou d’un cocktail ;
- annuaire et site internet : outil indispensable, l’annuaire est périodiquement mis à jour et publié. Le tournant de l’informatique a été pris avec mise en place en en 1986, puis en 1999 d’un site Internet, modernisé en 2007, où chacun a son profil ; des développements sont encore en cours ;
- groupes professionnels : dès 1953, telle ou telle profession (médecins, juristes, militaires) fut invitée, particulièrement, au banquet, selon la personnalité du président-conférencier ; ensuite, des rencontres spécifiques furent tenues dans les années 1990 à 2010 : régulièrement pour un groupe « Stan banques-finances » (SBF), plus occasionnellement pour les juristes, médecins et militaires (Corniche Gouraud) ;
- groupes régionaux ou étrangers : des réunions régionales ont été organisées à Toulouse en 1993, à Lyon en 1997 et 2010, à Marseille en 2011, « Christmas parties » à Londres de 2006 à 2010…
3° L’Écho de Stan (dont l’histoire a fait l’objet d’un article dans L’Écho 200) est au cœur de la vie de l’Association, préoccupation partagée avec le Collège (selon les périodes, du reste, les informations qui viennent en tête du numéro sont celles de l’Association ou celles du Collège) ; en 1952, c’est une souscription parmi les Anciens qui a permis de sauver L’Écho de Stan.
4° le banquet annuel.
Ce fut, sur certaines périodes, un élément-clé tant pour les contacts entre Anciens que pour le rayonnement de Stan. Des personnalités de premier plan parmi les Anciens y font un discours (voir encadré). Les promotions dont c’est un anniversaire quinquennal y sont spécialement invitées, de même que parfois les professions auxquelles se rattache le président du banquet. Ils se sont tenus dans l’ancien gymnase (des planchers posés sur les fosses à sciure, comme pour la distribution des prix) jusqu’à la destruction de celui-ci en 1964. Le banquet 1965, repoussé début 1966, a permis de découvrir une belle cave voûtée (avez-vous visité Notre-Dame-sous-Terre ?). Tous les banquets n’ont pas réuni 451 convives comme celui du 21 février 1952, le premier après la guerre ; après, comme avant la guerre, ils regroupaient plus fréquemment 100 à 150 convives (180 dont 33 élèves en 1937 ; mais 392 en 1968 et 335 en 1970 !). Les discours de président de banquet ont été interrompus à partir de 1972 avec mise en place de dîners moins protocolaire au self. Par contre, les épouses y étaient conviées alors pour la première fois (167 anciens et 57 épouses)… en attendant les anciennes élèves ! Les banquets seront repris à la fin des années 1980 (au restaurant des professeurs) puis, à nouveau, remplacés par un buffet partagé suite à l’AG dans les années 2000.
5° mémoire
- cérémonies. Conformément aux statuts, un « service funèbre » appelé, maintenant, plutôt, une « messe du souvenir », est célébré chaque année, dans la chapelle du Collège, aux intentions des anciens défunts de l’année ; leurs familles y sont invitées.
- mémoire des morts pour la France : En 1950, le monument aux morts, inauguré le 7 mai 1922 (sa construction avait été décidée dès 1917), portait les noms de 968 enseignants et élèves tués au cours de la Grande Guerre, dont la liste avait établie par l’association ; ces noms avaient été regroupés , avec leurs citations, dans un ouvrage publié en 1922 ; en 1948, le chanoine Mèjecaze, directeur de Stanislas, avait fait graver sur les parties basses du monument 305 noms de tués de 1939 à 1945.
En 1994, à l’approche du cinquantenaire de l’armistice de 1945, l’association :
- lance un recensement des anciens élèves morts pour la France de 1925 à 1962 : 41 en Indochine et 40 dans les divers conflits d’AFN (Rif 39-45, Tunisie, Maroc, Algérie).
- recherche de financements pour rénover et compléter le monument aux morts (1454 noms à graver ou regraver), action clôturée par une cérémonie le 3 décembre 1995.
En 1997, le même groupe de six anciens élèves dont deux généraux prépare un livre d’or, mémorial des anciens morts pour la France de 1919 à 1999, qui sera imprimé en 2001, en 1000 exemplaires avec des résumés historiques et cartes de chaque conflit.. un passionnant livre d’histoire !
Comment ne pas évoquer également la participation régulière des Anciens aux cérémonies annuelles à Marcilly-en-Villette où dix élèves de classes préparatoires de Stan ont été fusillés le 10 juin 1944 pour participation à la Résistance ? Noter qu’en 2004, l’association a ranimé la flamme à l’Arc de Triomphe avec le Collège.
- archives : une équipe (pilotée d’abord par M. et Mme Yves Mongrolle avec M. Georges Sauvé auteur d’un ouvrage sur Stanislas ) a regroupé en 1989 des archives dispersées dans les caves et lancé leur classement (notamment la numérisation des photos de classe) ; ceci permet des expositions sur Edmond Rostand (1995, avec une émission de FR 3) et Guynemer (1998, précédée par une manifestation en septembre 1997 menée avec un comité franco-belge). Cette action bénéficie maintenant de l’expertise d’un service d’archives créé par Stanislas.
- musée : une équipe a par ailleurs, à partir de 1997, préparé la mise en place d’un musée, obtenant des dons d’une soixantaine d’anciens ; une ébauche de ce musée est présentée lors de la fête de Stan en 2004 ; les nouveaux locaux de l’association (2009) permettent maintenant d’exposer ces pièces et d’y accueillir de nouvelles expositions : Louis Leprince-Ringuet (2009), Guynemer (2007), fondation Lejeune (2010).
6° réseaux sociaux :
Des anciens élèves des jeunes promotions se sont attelés aux réseaux sociaux : Stanislas apparaît souvent dans les profils sur Facebook, Linkedin, Copains d’avant, Viadeo… Ils font quelques vérifications, par sondages, de la référence de Stanislas que beaucoup, heureusement, arborent avec fierté et créent des groupes Stan sur certains réseaux … qui groupent parfois plus de membres que l’Association … et peuvent en être un relai.
7° relations avec Montréal et Nice :
Si ces deux « Stanislas », si liés à l’histoire de Stan, ont beaucoup évolué, les anciens élèves de Stan ont maintenu des liens avec les leurs (comme en 1990 avec la Chambre de commerce franco-canadienne).
II. Relations avec Stanislas et l’Enseignement catholique.
L’association est attentive à ce que les « relations contractées au Collège » ne se bornent pas aux condisciples mais s’élargissent à l’établissement lui-même et à l’ensemble de l’Enseignement catholique. Ceci a comporté notamment :
1° participation aux moments forts de l’établissement :
L’association attire ses membres à la fête de Stan avec le « bar des Anciens » longtemps tenu par Paul-Jacques Gauthier (promo 1951), un stand depuis 1986 et, en 2004, une salle préfigurant la mise en place du musée (voir I 5°) et passage en boucle de photos de classe. Un certain nombre d’anciens participent, même lorsqu’ils ne sont pas parents d’élèves, à la fête patronale, à la nuit d’adoration, aux pèlerinages... M. le directeur a organisé un repas avec des parents d’élèves eux-mêmes anciens élèves, initiative fort appréciée.
2° assistance matérielle à Stan :
L’association a lancé des souscriptions pour répondre à des besoins spécifiques (tels que travaux d’urgence sur le gymnase en 1961 et chapelle de 1962 à 1968) ; ponctuellement encore, lorsque Stanislas a demandé aux élèves de porter un polo de Stan pour le bicentenaire, en 2004, l’Association en a pris en charge pour les familles nombreuses.
L’article général de ce numéro sur l’Association expose en détail son rôle-clé pour sauver l’établissement lors de l’expulsion des congrégations, puis de nouveau à plusieurs reprises entre 1950 et 2015, notamment encore en 2001 quand c’est encore l’Association qui a tiré la sonnette d’alarme et aidé à trouver et mettre en place une alternative au financement des travaux, puis à créer la Fondation Stanislas pour l’Éducation.
3° appui intellectuel :
Pour la gestion de la société anonyme comme pour la réponse à des problèmes ponctuels (tels que la mise en place de la Fondation Stanislas pour l’Éducation de 2006 à 2013), les anciens élèves savent répondre.
4° appui aux élèves :
- des bourses, en partie financées par des legs reçus à cette fin, ont toujours été financées par l’Association ; elle en a longtemps été le principal pourvoyeur.
- l’information sur les carrières : outre celle donnée par des anciens lors de réunions d’information en terminale et en classes préparatoires, ou plus récemment par des témoignages sur des métiers « abstraits » tels que finances, marketing ou management, l’association a largement participé au développement des journées d’information de l’ADREP qui se sont déroulées à Stanislas, tant que les locaux le permettaient.
- Aide aux jeunes anciens et élèves et soutien pour l’organisation du bal de Stan, avec un cocktail des anciens à cette occasion jusqu’en 2009.
- un entraînement des élèves de classes préparatoires aux entretiens des concours d’entrée (jurys d’entraînement), depuis les années 1990.
5° appui à l’Enseignement catholique :
L’association apporte son soutien continu à ses structures fédérales ; elle participe activement à la Confédération française des associations d’anciens et anciennes élèves et amis de l’Enseignement catholique (COFAEC ) créée à partir d’un congrès tenu en 1904, au moment des lois contre les congrégations religieuses. Cette confédération vise à aider à une participation des Anciens aux communautés éducatives, à favoriser la poursuite de la formation, notamment pastorale, des élèves et à défendre le caractère propre de l’Enseignement catholique ; la COFAEC a organisé à Stanislas son assemblée générale du 16 novembre 1996, en présence du nonce sur le thème de l’insertion professionnelle des jeunes, et y revint en 2010.
Des déjeuners ont été organisés avec les présidents d’associations d’autres établissements avec qui des actions communes sont parfois menées (logiciels…).
III. - Solidarité. L’association a répondu, sur ce point, à sa mission de façon variable selon les conditions économiques.
1° les aides financières directes
Les aides financières aux anciens, fort importantes avant la première Guerre mondiale, ont diminué avec le développement des assurances et des organismes sociaux tandis que les bourses (voir n° II 4°), destinées d’abord aux enfants des anciens élèves sont attribuées plus largement ;
2° le logement :
Lors de la grande crise du logement de l’après-guerre, l’association a bien accueilli l’initiative en 1950 des secrétaires de la promotion 1938 visant à aider à trouver des solutions de logement adaptées ; certains ont étudié la possibilité d’utiliser les locaux de Stan à Bellevue pour y loger des anciens élèves âgés et d’anciens professeurs aux revenus très modestes ; mais ce bien a été vendu pour financer la reconstruction de Stan.
3° le chômage :
Dès 1952, le bureau de placement est remis sur pieds ; même si, avec les Trente Glorieuses, il est moins nécessaire, il reste actif jusque dans les années 1960. En 1995, l’association remet en place une équipe emploi. En deux ans sur dix-neuf cas traités, sept anciens avaient retrouvé un emploi et le nombre de demandes était passé à quarante-neuf ; cette initiative a conduit à la constitution, en 1999, avec l’Association des parents d’élèves et Stanislas d’une structure juridique spéciale « Stan emploi ».
4° information sur projets caritatifs :
L’Écho de Stan publie régulièrement des informations sur des actions caritatives menées par des Anciens ; entre beaucoup d’autres exemples, L’Écho relaie l’appel d’un ancien, ingénieur entré chez les frères des Écoles chrétiennes, pour Diébougou (Burkina Faso).
5° appui culturel :
L’association a lancé en 1998, avec le concours actif de Mgr Jean Milet, « les grandes conférences de Stanislas » (Mario Bettati, Alain Peyrefitte, Javier Pérez de Cuéllar, général Gobillard). Cette initiative sera reprise et adaptée avec les « dîners-débat » organisés depuis 2007. Plusieurs années, l’AAAECS relaiera grâce à son président l’invitation aux Amitiés lyriques.
Avec des particularités liées aux compétences et aux bonnes volontés de chacun et à chaque époque, l’Association a fait face efficacement aux défis qu’a sagement définis ses créateurs dans ses statuts. Cette évolution ne s’est pas faite sans crises : lors de la guerre bien sûr, de 1939 à 1952, puis en 1984 (décès du président Boucheny, et équipe usée avec la recherche de financements face aux problèmes de l’enseignement privé qui se profilaient…). De nouveau de 2001 à 2013, les questions immobilières et de gestion, essentielles pour le Collège, ont pris beaucoup d’importance au risque de devoir mettre en sommeil d’autres actions.
Mais les attentes et les bonnes volontés sont-là comme le montrent à la fois :
- les résultats d’une enquête menée en 1996 amenant 600 réponses dont 420 de membres et 180 d’autres Anciens ; les principaux souhaits étaient emploi, aides pour les stages, conférences et sorties, voyages, tandis qu’on notait 174 propositions d’aide dont 133 de membres (dont 60 des promotions 1980 à 1989) ;
- l’engagement des nouvelles générations, auquel je rends hommage.
Puissent ces générations … et les suivantes poursuivre cette tâche en s’adaptant, à chaque fois, au monde qui bouge et qu’elles contribuent à modeler.
Merci aux anciens présidents, qui ont bien voulu revoir la première version de ce texte, et à ceux des membres du Comité directeur qui ont fait de même. J’espère avoir pris en compte fidèlement leurs remarques.
NB : à tort ou à raison, cet article ne cite aucun des Anciens encore de ce monde ; que ceux /celles qui ont joué un rôle-clé dans telle ou telle des actions ci-dessus sachent que ceci ne nous empêche pas de leur en être reconnaissants.
Louis LUCAS
Délégué de la promotion 1956
Membre du Comité Directeur
Présidents des banquets de 1952 à 1971
1952 (premier banquet après la guerre) : Paul Coirre (1928) président du conseil municipal de Paris
1953 : Maître Marcel Héraud, ancien ministre membre du conseil de l’ordre des avocats à la cour de Paris
1954 : Jacques Morane (1918), ingénieur des ponts et chaussées
1955 : docteur Louis Bazy (1900) membre des Académies des sciences, de médecine et de chirurgie
1956 : général Zeller (1914 spé.) Gouverneur militaire de Paris
1957 : Bernard Jousset (1916) PDG de la société parisienne de cémentation, président du CFPC
1958 : Louis Leprince-Ringuet (1918) membre de l’Académie des sciences
1959 : Joseph Onfray (1925), ingénieur en chef du génie rural à Alençon
1960 : Bernard Zehrfuss (1928) architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, premier grand prix de Rome
1961 : Olivier Lefevre d’Ormesson (1936) conseiller général et député de Seine-et-Oise
1962 : Paul Minot (1916) ancien président du conseil municipal de Paris
1963 : Pierre-Christian Taittinger (1943) avocat à la cour, ancien président du conseil municipal de Paris
1964 et 1965 : interruption en du fait de la reconstruction, celui de 1965 étant remplacé par un banquet supplémentaire tenu début 1966, dans une belle cave voûtée (voyez « Notre-Dame sous terre » !)
1966 (12 février) : Son Excellence Geoffroy de Courcel (1929) ambassadeur de France à Londres
1966 (10 décembre) : vice amiraux Jacques Traub et Yves de Bazelaire (1925)
1968 : recteur Jean Capelle
1969 : Paul Violet vice-président-directeur général de Pechiney Saint-Gobain
1970 : Cardinal Jean Daniélou
1971 : François Collet, vice-président du conseil de Paris
Ensuite, le banquet est remplacé par un dîner au self, sans président, avant de reprendre à la fin des années 1980.